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Représenter l’Irreprésentable ?

du 05.12.2015 au 06.12.2015 Jacqueline Frydman,Joseph Cohen,Raphael Zagury-Orly Passage de Retz, 9, rue Charlot, 75003 Paris imprimer l'article

Certaines communications recoupent les préoccupations du CIREMM

Une rencontre autour de l’irreprésentable exige aujourd’hui de confronter cette question, d’abord et avant toutes : y a-t-il de l’irreprésentable ? Peut-il y avoir quelque chose comme de l’irreprésentable ? Pouvons-nous l’imaginer ? Le penser ? En parler ? L’écrire ? L’irreprésentable est-il fatalement ou nécessairement rattrapable dans l’ordre ou les contours de la représentation ? Y aurait-il quelque chose s’exceptant toujours, se retirant déjà, se dissimulant donc de toute expérience, de toute présentation ou exposition, de toute représentation et qui se donnerait comme l’irreprésentable ? En somme, nous nous heurtons à une certaine reformulation de la question traditionnelle de la pensée occidentale : l’irreprésentable est-ce quelque chose ou bien n’est ce rien ?

Or l’irreprésentable ouvre peut-être à une tout autre approche. Celle non plus de chercher à s’enquérir de sa signification foncière ou du sens de son « être », mais bien plutôt, en détournant le questionnement de sa visée première, forcer la pensée à se tenir à la limite du pensable, du représentable et exiger d’elle une tâche paradoxale : s’exposer tout entièrement à ce qui lui arrive sans ne jamais inscrire l’événement dans son horizon de compréhension propre. La pensée se voit ainsi obligée de se mesurer au « tout autre » de ce qui peut s’y déterminer.

Ainsi, nous ne saurions confiner l’irreprésentable à un domaine particulier ; le psychanalytique, l’historique, le socio-politique, l’architecture, le film, le théâtre, la photographie, etc. L’irreprésentable s’immisce en chacun de ces domaines en entourant, intervertissant, démantelant, chaque fois singulièrement, les visées, les anticipations, les signifiants de leurs logiques. Cette impossibilité de circonscrire l’irreprésentable à un domaine propre est, peut-être, ce qui nous amène aussi à l’approcher par l’art ou la philosophie – c’est-à-dire, là où, une puissante déterritorialisation de la visée intentionnelle advient et met en jeu par là-même l’hypothèse d’une percée inédite de toutes formes possibles de présence ou de mise en présence.

Nous pourrions ainsi rassembler toutes ces interrogations en une question directrice : peut-on justement et dignement représenter l’irreprésentable, ou alors, sommes-nous confrontés à une singulière impossibilité quant à la représentation après le génocide arménien, la Shoah, les guerres coloniales et la torture, Hiroshima, le Goulag, le Rwanda… ? Allons à la limite de cette question : dans quelles limites l’art peut-il ici s’exprimer ?

Nous réunirons philosophes, artistes, cinéastes, metteurs en scène, historiens, littéraires, théoriciens de l’art et commissaires d’expositions afin, tout d’abord, de mesurer tous les enjeux de ces questions à l’aune de notre monde contemporain, puis d’ouvrir à un débat multiple où toutes les « positions » quant à la possibilité ou l’impossibilité de « représenter l’irreprésentable » puissent être avancées et disputées.

 

Samedi 5 décembre 2015

10h

Ouverture

Représenter l’Irreprésentable ?

Joseph Cohen, Jacqueline Frydman, Raphael Zagury-Orly

10h30 – 12h30

L’Irreprésentable en psychanalyse

Anne Dufourmantelle : « Au secret »

Stéphane Habib : « Représenter l’irreprésentable : une longue histoire de la psychanalyse et du politique »

Richard Rechtman : « Remarques sur les narrations fragmentées post génocidaires »

12h30 – 14h30 : Déjeuner

14h30 – 16h

L’Irreprésentable au cinéma

Marie-Aude Baronian : « Images-prothèses, Images à venir »

Alain Fleischer : « Quand ça tourne autour: Spielberg, Benigni, Nemes »

16h – 16h30 : Pause

16h30 – 18h30

L’Irreprésentable en philosophie

Emmanuel Alloa : « Pourquoi il n’y a pas d’irreprésentable ou : De la confusion des genres »

Raphael Zagury-Orly : « L’Irreprésentable, ce n’est pas rien »

Joseph Cohen : « Impératifs de l’Irreprésentable »

18h30 – 19h : Pause

19h – 20h30

Conférence 

Catherine Coquio : « Auschwitz a mis la littérature en suspens »

 

Dimanche 6 décembre 2015

10h30 – 12h30

L’Irreprésentable en architecture

Jean-Louis Cohen : « L’architecture des mémoriaux, entre représentation et abstraction »

Bernard Tschumi : « Diagrammes et séquences : Modes de représentations »

Adachiara Zevi : « Monuments by Defect »

12h30 – 14h : Déjeuner

14h – 16h

L’Irreprésentable en art

Marie-Josée Mondzain : « Figurer l’indescriptible »

Jean-Jacques Lebel : « Peindre l’irreprésentable? »

Jochen Gerz : « La certitude et le rôle du temps »

Miroslaw Balka : « RMMBRNC »

16h – 16h30 : Pause

16h30 – 17h30 

Conférence 

Yannick Haenel : « L’instant impossible »

17h30 – 17h45 : Pause

17h45 – 19h 

L’Irreprésentable au théâtre

Arthur Nauzyciel

Miroslaw Balka

19h – 19h30 : Pause

19h30 – 21h

Conférence

Gérard Wajcman : « Voir le rapport sexuel »

Jean-Claude Milner : « Irreprésentable et métaphore, réflexions sur la métamorphose »

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