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Articles de Martine Lefeuvre-Déotte

01.01.2002 Martine Lefeuvre-Déotte Publication Argentine imprimer l'article

 « L’effacement des traces, la mère, le politique », publié en 2002

« En Argentine, les disparus ont laissé des traces partout, ce sont des âmes errantes. On dit que Buenos Aires repose sur des cadavres, ils sont là. La société ne peut passer au-delà des disparus, les disparus la rattrapent, ils la regardent. Entre 1976 et 1983 sous la dictature en Argentine, on compte environ 30.000 disparus, 15.000 fusillés, 9.000 prisonniers, 1.500.000 exilés pour 30 millions d’habitants (dont la moitié de la population est concentrée dans une demi douzaine de grandes villes). »

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« La mort dissoute – Un cas : l’Argentine », publié en 2006

« En Algérie, plus de 7000 personnes ont été enlevées par les autorités dans les années 90, les familles des victimes ne savent pas si les leurs sont morts ou vivants. En Bosnie, dix ans après les massacres, des milliers de familles cherchent encore leurs «disparus»… La liste, qui dresserait aujourd’hui la carte des conflits qui utilisent la disparition comme technique de guerre, serait longue. On s’attachera ici, réfléchissant sur l’exemple argentin déjà ancien, à analyser la singulière figure du sans-trace qui continue de hanter nos guerres modernes. Ce ni mort/ni vivant, parce qu’il rend impossible le rituel funéraire et le travail du deuil au sens de Freud, perturbe fortement la société tout entière et le politique au plus vif de ses institutions. « La voix endeuillée », selon la belle expression de Nicole Loraux, celle des affects, du pathos, du chant de la douleur, reflue sans cesse et risque de submerger la cité, troublant alors la réconciliation et la non-division. Au fond, quelle est la plainte des «disparus» et qu’exigent-ils pour la paix des vivants? À cette question implacable et lancinante, comment répondent certains protagonistes en Argentine: les deux mouvements des Mères de la place de Mai ou encore le poète Gelman? Face aux lois d’amnistie, c’est-à-dire d’oubli sur ordre, décrétées par les différents gouvernements depuis le retour à la démocratie, que signifient leurs différents modes de résistance face à toutes ces politiques du pardon, et que laissent-ils entendre? »

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