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Savoirs du témoignage en Europe XXe-XXIe siècles

Charlotte Lacoste,Frederik Detue,Judith LINDENBERG,Judith LYON-CAEN Séminaire EHESS, salle 2, 105 bd Raspail, 75006 PARIS imprimer l'article

Savoirs du témoignage en Europe XXe-XXIe siècles
Du 10 novembre 2017 au 8 juin 2018, 2e et 4e vendredis du mois, de 11 h à 13 h

Ce séminaire collectif s’intéresse aux pratiques et aux formes de l’écriture de témoignage dans le monde contemporain, depuis le début du XXe siècle, selon une approche interdisciplinaire qui considère la production d’écrits, leurs modalités de publication, leurs circulations et leurs appropriations comme autant d’actions dans l’histoire, et comme autant d’événements, et non seulement comme des sources possibles sur ces événements. Actions dans l’histoire, événements d’écriture, bien des écrits ne sont désignés comme « testimoniaux » qu’à distance de leur première effectuation. Les cadres matériels, moraux, institutionnels (judiciaires ou disciplinaires, par exemple) de ces premières effectuations, mais aussi l’ensemble des opérations qui qualifient tel ou tel écrit comme « témoignage » sont au cœur de nos questionnements. Ainsi nous interrogeons-nous, par exemple, sur les idiomes du témoignage, ses épistémologies et les temporalités qu’elles dessinent, sur l’émergence et les usages de catégories contemporaines, comme « littérature de témoignage » ou « genre testimonial », ou encore « littérature documentaire ». 

De la Première Guerre mondiale au génocide des Tutsis au Rwanda, de la Shoah à la guerre d’Algérie, la question du témoignage occupe une place croissante dans les savoirs sur les violences extrêmes de notre temps. Ce séminaire cherche à faire dialoguer des « savants du témoignage », des chercheurs qui s’intéressent au témoignage dans des contextes historiques multiples et selon les horizons disciplinaires variés des sciences sociales. Il s’ouvre aussi à des praticiens du témoignage, dans les arènes artistiques, littéraires ou judiciaires, qui se tiennent parfois à la charnière des champs et des postures. Car le propre de la question du témoignage – comme catégorie utilisée par les acteurs et/ou construite par les chercheurs ou les institutions – est souvent de produire du brouillage dans les catégorisations, les positions, les discours. De produire de l’inclassable. D’où l’intérêt, à notre sens, de chercher à esquisser des perspectives, de partage ou de clivage, qui n’écrasent pas la spécificité des pratiques, des gestes, des objets testimoniaux envisagés.